Les Saintes Maries de la Mer. 24 mars. Festival.

C’est avec un beau soleil printanier qu’a débuté cette journée placée sous le signe du toro avec tout d’abord un accoso y derribo sur la plage est, un spectacle typiquement campero qui s’est traditionnellement invité depuis quelques années aux Saintes Maries de la Mer, terre de chevaux et de toros. Avec un petit bémol dans le déroulement qui a fait que le bétail s’est échappé vers la mer ou n’a pu être encadré correctement pour permettre le bon déroulement des actions, un détail que les organisateurs auront à coeur de corriger la prochaine fois.

La tarde était réservée à un festival avec quatre toros et un novillo de Juan Pedro Domecq, bien présentés pour ce genre de spectacle, donnant du jeu mais pas exploités suffisamment au niveau de leur potentiel, notamment les deux bichos réservés à nos nationaux. Tous allèrent volontiers au cheval mais compte-tenu de leurs forces limitées, ils y furent relativement épargnés.

El Fundi ouvrit les débats avec un toro qui cogna fort contre les planches au point qu’on se demanda pendant quelques secondes s’il allait se remettre d’un choc très violent contre un burladero. Le torero de Fuenlabrada dessina ensuite quelques esthétiques véroniques et deux demies, puis un quite par véroniques et larga templée. Le garçon se montra ensuite facile muleta en mains, toréant à mi-hauteur  pour ne pas trop obliger un bicho qui finit por dentro et a menos. On reprochera au torero de ne pas se croiser davantage, toréant sur les deux bords sans faire dérailler le train. Estocade caida à deux doigts du bajonazo et oreille de festival.

Matias Tejela mit un peu de temps à faire rentrer dans son capote un second Juan Pedro difficile à fixer. Lorsqu’il y parvint enfin, ce fut pour dessiner quelques bonnes véroniques et surtout une superbe demie. Belle mise en suerte de Tejela par enchainement de chicuelinas, tafalleras et rebolera. Bien décidé ce jour, le garçon initia sa faena par derechazos lents et pechos templés, puis il alterna main droite et main gauche avec beaucoup de goût malgré les réticences d’un adversaire qui se défendait un peu à gauche. Final par passe de las flores, naturelles et trincherilla avant quatre bernardinas serrées rematées d’un pecho au ralenti. La bonne lame contraire fit tomber deux pavillons mérités. On aurait aimé qu’il joue lui aussi sa partition en se croisant davantage.

Daniel Luque hérita lui aussi d’un toro cogneur (dans les planches et dans le peto) qui se calma très vite par la suite. Le garçon dessina véroniques et demie à la réception, puis au quite, la seconde fois avec beaucoup de douceur. Débutées par cinq passes de la bandera pieds rivés au sol, la faena se poursuivit par des derechazos longs et templés, puis par des naturelles élégantes face à un toro noble mais faiblard qui protestait un peu lors des placements marginaux du torero. Luque en termina d’une lame trasera et obtint deux oreilles généreuses.

Thomas Dufau hérita d’un bon Domecq un peu long à fixer auquel il finit par lui imposer quelques bonnes véroniques et demie au centre. Après l’unique piqûre, il embarqua le bicho dans un quite par chicuelinas, tafalleras et rebolera. La faena baissa nettement le ton de la prestation du landais jusque là relativement correcte. Thomas donna des muletazos souvent fuera de cacho sur les deux bords lors d’une faena fourre-tout où il étouffa son opposant qui aurait mérité un bien meilleur sort. Trente passes bien données en se croisant auraient suffi, et surtout en donnant de l’air au toro. Et pitié, qu’on en finisse avec ces circulaires inversées qui sont au toreo ce que le Mac Do est à la cuisine ! Final par manoletinas et bonne lame en place après pinchazo qui hélas fut longue à faire effet, avec en plus un toro qui se couvrait, donc impossible à descabeller. Silence. Un jour sans pour Thomas !

Juan Leal est lui aussi à créditer d’une mauvaise tarde. Rien au capote, à part lors du quite par lopecinas approximatives, puis une faena débutée à toute vitesse avec quelques muletazos corrects au milieu d’un fatras de passes sans consistance, souvent enganchées. Emergèrent de cet ensemble deux bonnes naturelles de face. Entière contraire après deux pinchazos hondos dans le cou et oreille non justifiée pour l’arlésien expatrié en Andalousie.

Paco