La saga des Bienvenida (2).

LES BIENVENIDA

 

José Mejias y Rapela dit Pepe : Bienvenida II.

José vit le jour le 1er avril 1880 à Bienvenida dans la même maison que son père. Au départ, il était fortement question pour lui d’effectuer une carriere écclésiastique, la vie en décida autrement. Bon novillero, puis excellent peon, sublime aux banderilles, il épousa une française, puis se retira dit-on à Châteaurenard dans les Bouches du Rhône. Pepe abandonnera la profession en 1922, à 42 ans.

Manuel Mejias y Rapela : Bienvenida III.

Très connu et adulé, appelé aussi, et surtout à compter de 1910, Le Pape noir « El Papa Negro ».

Manuel naquit le 1er septembre 1884 (certains biographes donnent aussi le 12 février 1884) à Bienvenida (Badajoz), Calle de la Cuerna. Avant de venir oeuvrer en Espagne, Manuel aurait accepté de partiper à des spectacles mineurs dans tous les Etats latino-américains, afin de commencer à gagner sa vie, et ceci durant sept années. D’après sa présentation dans la capitale espagnole, il semblerait qu’il soit revenu en Espagne sans ses parents avant 1903, ces derniers étant de retour dans la péninsule Ibérique courant 1924, comme indiqué ci-dessus.

En effet, Manuel se présenta à Madrid le 8 mars 1903 devant des novillos de Villamarta. Il prit ensuite l’alternative le 14 octobre 1905 à Saragosse avec Alganeño pour parrain et Lagartijo pour témoin. Le toro de la cérémonie avait pour nom Agradable (Mignon), d’autres disent Huidor, quoi qu’il en soit un bicho de la ganaderia de Benjumea.

Bienvenida III confirma à Madrid le 14 mars 1906 avec le même parrain, Algabeño, et opposé à deux toros d’élevages différents, un Miura (« Javato » pour la cérémonie) et un Murube en sixième position. Cette corrida fut donnée en l’honneur du Roi du Portugal.

Manuel était longiligne mais puissant, d’un style plutôt classique, très inventif mais assez irrégulier à l’épée. Il fut très sérieusement blessé à Madrid (déchirement à la cuisse droite) par un toro du Comte de Trespalacios le 10 juillet 1910 en dessinant une naturelle aidée (plutôt qu’un pecho, ou une statuaire, d’après les documents). Ce jour là, il était seul au cartel face à six bichos. Cela fit de lui un homme très diminué physiquement, ne pouvant toréer qu’à intervalles irréguliers. Il mourut le 14 octobre 1964 à son domicile madrilène. (une biographie plus détaillée suivra).

Les fils du Papa Negro.

De l’union de ce second fils, Manuel, El Papa Negro, avec Doña Carmen Jimenez y Alvarez, naîtront six garçons.

Manuel Mejias y Jiménez, Bienvenida IV, dit aussi Manolito, puis Manolo, et dont les pages qui suivront ne reflètent qu’une partie de son énorme biographie.

Manuel, l’aîné des six garçons, naquit le 23 novembre 1912 à Dos Hermanos (Séville) et mourut le 31 août 1938, dans une clinique de San Sébastian des suites d’un cancer au poumon, détecté après l’extraction d’un kyste hydatique dans le bas du dos.

 

José Mejias y Jiménez, Bienvenida V, d’abord appelé Joselito, à ses débuts, puis Pepe, et même de temps à autre Pepote, par quelques amis très proches.

C’est sous l’apodo de Pepe qu’il fut le plus connu. Né le 7 janvier 1914 à Madrid, il prit l’alternative le 5 juillet 1931 à Las Ventas. Très souvent aux côtés de son frère ainé Manolo, comme valet d’épée, ou homme de confiance, Pepe fut aussi un grand banderillero. Avant de passer subalterne, il tuait, dit-on, superbement a recibir. Il décéda d’un infarctus le 3 mars 1968 à Lima (Pérou), lors de la pose d’une paire de banderilles.

Rafael Mejias y Jiménez dit Rafi, Bienvenida VI , troisième garçon du Pape Noir, naquit en 1917. Il eut une vie assez courte, puisque il fut assassiné de deux balles de revolver, l’une dans l’oreille gauche, l’autre dans la poitrine, le 17 mars 1933 à l’âge de 16 ans par l’administrateur de son père, un certain Antonio Fernández Gallego (une mauvaise personne traînant une réputation pour le moins équivoque et qui s’était mis à haïr Rafi pour on ne sait quelle obscure raison), lequel se fit justice dans la foulée.

Rafael était un novillero de style assez fin qui aurait pu effectuer une très bonne carrière, sans ce fâcheux accident. Il n’eut donc pas l’occasion de prendre l’alternative et donc de dévoiler complètement ses talents.

Antonio Mejias y Jiménez dit Don Antonio, Bienvenida VII, très connu de par sa brillante carrière.

Antonio naquit le 25 juin 1922 à Caracas (Venezuela) car, comme précisé auparavant, la famille était en Amérique du Sud depuis 1888 (ou 1889), soit deux ans avant le tour de la famille en Espagne.

Antonio eut la très brillante carrière d’un torero largo au classicisme parfait. Il prit l’alternative le 9 avril 1942 à Madrid, et non le 5 avril comme prévu à l’origine (voir plus loin l’anecdote quant au changement de date). La cérémonie prit la forme d’un mano a mano avec son grand frère Pepe, tous deux opposés à des pupilles d’Eduardo Miura *. Le bicho de la cérémonie se nommait « Rosquero ».

Antonio affronta souvent seul six toros, et même un jour douze animaux (six l’après-midi et six en nocturne), mais nous verrons bientôt que la course s’acheva avant pour Antonio. En juillet 1942 à Barcelona, il reçut une cornada dans le ventre, à son dernier animal de Trespalacios. En 1947 pendant la San Isidro à Madrid, nouvelle cornada. En 1958, Antonio subit une grave blessure au cou. Au total, il fut gravement blessé quatorze fois. Il donna sa despedida le 16 octobre 1966 à Madrid, affrontant six adversaires de différentes ganaderias. Il revint en 1971 pour se retirer définitivement en 1974. Un an plus tard, le 4 octobre 1975, Antonio fut pris par une vache de Doña Amélia Pérez Tabernero, lors d’une tienta à El Escorial, à Puerta del Verde. Dans sa chute, il eut deux vertèbres cervicales brisées et décéda trois jours après, le 7 octobre 1975, à la clinique madrilène de La Paz.

Indubitablement il restera le plus connu de toute la famille des Bienvenida. Sa biographie plus détaillée suivra.

* Miura.

Chez Miura, le fils ainé se prénomme toujours Eduardo, cela depuis des générations. A ce jour (2010) ce sont les deux fils, Eduardo l’ainé et Antonio, qui gèrent la ganaderia (finca Zahariche – Lora del Rio – Séville) depuis la mort du père, Don Eduardo Miura Fernández, le 27 juillet 1996.

Chez Miura, on ne choisit pas ses toros. C’est le ganadero qui détermine avec le plus grand soin, que tel ou tel lot de bêtes est destiné pour telle ou telle plaza. C’est peut-être aussi cela l’Art (avec un A majuscule) d’être un extraordinaire et exceptionnel ganadero…

Angel-Luis Mejias y Jiménez, Bienvenida VIII, surnommé El Inglés, à cause de son attitude très British, un vrai dandy dans ses attitudes, diront certains… .

Angel-Luis naquit le 2 août 1924 à Séville. Il fit ses débuts en public à l’âge de 15 ans, le 27 août 1939 à Cuenca avec un certain Eugenio Fernández y Sánchez dit Angelete (alternative à Barcelone le 12 octobre 1943). Présentation à Madrid le 25 juillet 1943 avec José Parejo et Pepe Dominguín, puis alternative, toujours à Madrid le 11 mai 1944 en compagnie de deux de ses frères, Pepe étant son parrain Antonio son témoin, les toros étant d’Arturo Sánchez Cobaleda (les fameux « patas blancas » de sang Veragua, rachetés à Francisco Villar en 1928 par le ganadero cité ci-dessus).

Ne supportant guère toutes les obligations qu’exige ce métier, il se retira courant 1951.

Il fut longtemps l’apoderado de son frère ainé Antonio, puis pendant un certain temps celui d’un autre Antonio, le grand Ordóñez.

Angel-Luis fut une étoile filante des ruedos, avec sept ans de métier. Comme son père, il partit en Amérique pour faire fortune dans les affaires, et à part au callejón, personne ne le vit plus en piste. Il resta jusqu’à sa mort (3 février 2007) dans le mundillo madrilène, présent à toutes les manifestations, y compris dans les jurys, toujours avec son flegme et son élégance toute britannique. Il était depuis 1999 le seul survivant de la dynastie des Bienvenida. Parlant de sa famille, il disait toujours : « Nous les Bienvenidas ».

Il disait aussi : « Avec le visage, nous regardons les tendidos, avec les yeux, nous observons le toro. – De même, il avouait : « Il n’y a pas de raison majeure pour qu’un toro t’encorne, ou alors il ne faut pas t’habiller en maestro ».

Il rajouta aussi : « En tauromachie, celui qui sait prendre des risques a des avantages, car le public aime le risque chez un torero, il aime l’émotion, et le toreo, c’est de l’émotion, même si pour moi, c’est avant tout de l’art ».

D’après certaines personnes qui l’ont cotoyé, beaucoup seront unanimes pour dire de lui : « De la famille, c’était le plus artiste, le plus imprévisible, en un mot le plus sévillan des Bienvenida, tout en maîtrisant exactement et totalement sa technique ».

Il toréa malgré trop peu pour être réellement connu.

Juan Mejias y Jiménez dit Juanito, Bienvenida IX, sera le dernier des garçons.

Juan vit le jour le 31 juillet 1929 et prit l’alternative à Barcelone le 24 avril 1955 (à l’âge de 26 ans) des mains du fameux diestro venezuelien de Caracas, César Antonio Girón Díaz dit simplement César Girón (1933/1971), le témoin étant le grand, l’austère et pathétique torero d’Hoyavacas (Albacete), Pedro Martínez González dit Pedrés (1932/vivant en 2010, premier à l’escalafón en 1953. Pedrés partage aujourd’hui son temps entre sa maison madrilène et sa ganaderia de Ciudad Rodrigo).

Le toro d’alternative était un Sepulveda de Yeltes. Comme Angel-Luis, Juan toréa assez peu et reste donc inconnu du grand public. Après un premier départ, il reprit l’épée en 1958 et se fit blesser très gravement à la jambe.

C’était un torero réputé fin de style, toujours élégant, mais hésitant devant ses adversaireset peu dominateur. Il décéda le 30 mai 1999 à Madrid des suites d’une leucémie.

Nous ne disposons que de peu d’indications sur les filles de Manuel, El Papa Negro. L’une d’entre elles s’appelait Carmen-Pilar. Le fait est qu’aucune n’embrassa la carrière de torero.